BERLIN Octobre 2016
Enfin mon voyage peut commencer!
Et il commence par un séjour à Berlin d’une semaine le 15 octobre 2016.
Deuxième séjour en cinquante ans d’écart dans cette belle ville qui mériterait d’être la capitale de l’Europe par son emplacement on ne peut plus central, l’immensité de l’espace et le prix bas de l’immobilier qui aurait abrité à des prix réduits les institutions, les délégations bref tout ce qui tourne autour de son fonctionnement.
Berlin c’est le coeur de l’Europe.
Et le mien battait fortement en m’y rendant pour faire la connaissance de mon petit fils, Eric, auquel j’ai dédié le livre pour enfants S’il te plaît, Monsieur, ne détruis pas ma forêt ainsi qu’aux premières arrivées Julie et Lucille.
En une semaine on ne visite pas la ville. Un quartier suffira et le mien est situé dans l’ancienne partie de Berlin Est autour de la rue Papel Allée quartier grouillant de jeunes. Vous voyez autant de poussettes que de vélos et ce n’est pas peu dire!
Ce quartier possède la plus forte natalité de toute l’Allemagne ce qui lui fait honneur puisque le pays a une natalité négative. D’où l’intérêt de faire rentrer un million d’immigrés.
Personne n’était étonné de me voir pousser sur tous les trottoirs une poussette avec le plus beau bébé du monde, Eric, celui de ma fille Sylvie qui possède un magasin de produits français « Bei Bibi ».
Alors oui, au risque de me répéter, ce voyage est une renaissance pour moi.
Avec un bébé on est pas un touriste comme un autre, on se sent un peu allemand, comme lui, on rentre dans les magasins, dans les cafés, les restaurants asiatiques en oubliant d’où on vient et sans regarder le ciel dont le plafond est resté bien bas toute la semaine.
Mais on ne peut s’empêcher aussi de comparer, la propreté des rues à celle toute relative de Bordeaux où mon avion s’est envolé. Comment le maire d’une ville aussi crasseuse peut-il avoir la prétention de se faire élire Président lorsque l’on est pas capable de tenir impéccable le lieu où les citoyens vivent tous les jours. Sans parler des deux ans de prison avec sursis…
Papel Allée.
Non pas l’allée du papier mais des peupliers. Le peuplier fut l’une des premières essence forestière à être utilisée pour la fabrication du papier. Ici un petit apparté: je vous conseille la lecture d’un petit livret que j’ai écrit « L’histoire vraie de la fabrication de papier » petit pamplet qui devrait vous dégouter à jamais d’utiliser du papier.
Pour en revenir au peuplier sa qualité, comme celle de ses congénères, trembles, aulnes, est d’être tendre et blanc ou peu coloré ce qui le rend maléable et a permis pendant longtemps de fabriquer des parchemins sans avoir besoin de le soumettre à des bains acides pour le blanchir.
D’où son nom de « papier ». Et ici, on préfère voir le papier sur pied que jonchant les rues. J’ai remarqué que son écorce était beaucoup plus épaisse que celle des campagnes de nos pays tempérés sans doute à cause de la rudesse du climat qui fait que l’arbre se protège avec une écorce bien épaisse.
De larges avenues changent des rues parisiennes, bordelaises ou lyonnaises étroites à souhait. Que dis-je larges! étonnement larges, avec des trottoirs ou deux poussettes, deux vélos et deux piétons peuvent aller de front. Mais, bon, il faut, à la décharge des berlinois rappeler l’impressionnante dimension de cette ville ou il est ainsi possible de tout voir en grand.
Le pièton provenant du sud de l’Europe, est surpris par la faible luminosité des rues.
Je dirais au moins quatre fois moins éclairées que nos belles villes de France. Plusieurs fois j’ai discuté avec des maires de petits villages de l’Aveyron où il y a autant de hameaux que d’habitants, qui laissent toute la nuit l’éclairage public certainement pour des raisons électorales, certains habitants, qui ne sortent pas après vingt deux heures, veulent se sentir en sécurité et peu importe si cela coûte cher puisqu’il s’agit d’argent public. Le fait que l’EDF fut un monopole depuis sa création a certainement contribué à ces dépenses qui entretiennent le plus grand opérateur mondial d’électricité.
Ici à Berlin, dans le quartier où je me trouvais, malgré la faible luminosité on ne se sent pas en insécurité pour autant, les berlinois aimant bien de surcroît se promener tard.
On s’y fait très bien même si les latins que nous sommes doivent regarder un peu plus où ils mettent les pieds.
Peu de crottes de chiens plutôt tenus en laisse alors qu’à Bordeaux, eh oui encore elle, ce sont plutôt les maîtres qui tiennent la laisse, les rottweiler se promenant sagement, mais vous pouvez bien changer de trottoir si vous cela ne vous plaît pas.
Dans un pays où le chômage est roi, combien d’emplois pourraient être créés pour ramasser les papiers, les crottes et autres détritus. Mais à qui allez-vous faire tenir un balai de nos jours? Nous sommes en pleine démagogie. Je me rappelle l’époque où j’habitais le Pays-Basque, une belle référence je vous assure, où les rues étaient entretenues par des hommes tenant dans une main un balais en brins, tirant de l’autre une petite charette et ramassant tout ce qui traînait, feuilles comprises. Des milliers d’emplois en perspective qui contribueraient au bien-être et à maintenir ou faire venir et revenir les touristes.
Ce que j’ai adoré ce sont les multiples parcs, forêts et lacs qui rendent cette ville incomparable.
En plus cette ville est jeune, très jeune.
Dans le quartier où j’ai résidé les filles sont belles, grandes et souvent seules: alors, les garçons, qu’est-ce que vous attendez pour vous y rendre. Un petit bémol cependant pour les machos que vous êtes peut-être: ici dans la hiérarchie familiale, la femme tient le premier rôle, puis viennent le bébé, le chien et enfant l’homme. Vous ne pourrez pas dire que je ne vous avez pas prévenu…Et en plus elles aiment les enfants et veulent en avoir. Pas sérieux, s’abstenir!
Ici, c’est aussi le règne, en même temps que les vélos, de la belle voiture avec l’avantage c’est qu’elle, elle ne monte pas sur les trottoirs. Les passages piétons ne sont indiqués que par de larges flèches, les bandes blanches auxquelles nous tenons tant étant exclues pour raison de sécurité pour éviter que les vélos et motos ne glissent. Vous voyez, la notion de sécurité n’est pas la même partout: en France ces bandes protègent les piétons mais pas les motos qui n’ont qu’à bien se tenir.
Les pavés, de petites dimensions sur les trottoirs, qui feraient la joie des casseurs à Paris, laissent la pluie pénétrer dans le sol réduisant les risques d’inondations. Chez-nous c’est le goudron qui règne en maître, j’ai même vu des routes en pleines campagnes, toujours en Aveyron, où ne passent qu’une ou deux voiture par jour être refaites à neuf.
Si vous voyez, face à l’entrée de certains immeubles, et vous en verrez beaucoup, ces mêmes petits pavés en laiton gravé, sachez qu’ils signifient que dans cet immeuble des personnes, des familles souvent, ont été déportées. Les allemands n’aiment pas que l’on leur parle de cette période. Maintenant que vous le savez vous ne poserez pas de questions embarrassantes pour des générations qui n’y sont pour rien.
Les centaines d’oiseaux qui nichent dans les arbres, des moineaux pour l’essentiel, vous font penser à autre chose de plus gaie. Est-ce que ce sont les mêmes qui ont fuis la campagne pour se réfugier loin de la pollution?
Ils ne sont pas dérangés par le bruit des tramway qui sillonnent les quartiers, ni par les trains qui traversent la ville. Les longs TGV allemands ne font pas un bruit et je me demande comment ils font pour être silencieux à ce point. Est-ce uniquement dans la traversée ou sur l’ensemble du réseau et pour la tranquillité des habitants?. Les trains que l’on n’entend pas à des kilomètres à la ronde c’est vraiment le rêve absolu. Pourquoi n’en faisons nous pas autant? Rendre silencieux le réseau ferroviaire n’est, il me semble, dans aucun programme des écologistes. Peut-être a t’il était une exigence ici.
Chez nous la culture du bruit est une chose bien établie, comme si c’était dans l’ordre des choses, naturel et à laquelle on doit s’habituer.
Je repense à mon petit bonhomme de dix mois, d’un père allemand, d’une mère françaises, qui va être éduqué dans des écoles de langue et culture allemande, parlera d’abord l’allemand mais aussi le français, puis devra se mettre à l’Espagnol langue dont nous avons convenu avec Dirk de nous exprimer, et anglais que toute la famille parle sauf moi, dans quel idiome échangera-t-il avec ses cousines? Je l’envie car c’est une chance inouïe qui se dessine devant lui. Voilà un européen en devenir.
Dans mon prochain voyage je passerai plus de temps dans d’autres quartiers pour apprendre et comprendre. Quand je suis venu à seize ans ici j’ai traversé en train le rideau de fer et vu une ville qui était encore en pleine reconstruction. Ce voyage était une page d’histoire et à l’époque je m’interrogeais: pour apprendre, si on nous avez conduit à faire le même voyage, nous aurions bien mieux assimilé nos cours. Peux t-on faire de la chimie sans faire des expériences? Et pourquoi n’ai-je pas pris de note que je pourrais comparer aujourd’hui?
Prochain voyage: Chemin de Stevenson ou La Galice