Comment voyager au bord de la mer, traverser des montagnes et ne pas parler d’écologie?
Fontaine de Ladoue en Dordogne ( d’origine karstique)
Ce n’est tout bonnement pas possible.
J’ai suffisamment créé de produits écologiques dans ma vie, dont un qui à l’époque a révolutionné les chaumières, le premier antimite en bois de cèdre vendu sous la marque Haromite dans plus de dix pays, pour m’être penché sur la question.
Pour moi, il y a deux sortes d’écologistes: les politiques et les pratiquants.
– Les politiques, les premiers ont été les partis communistes, se sont emparés du sujet pour redresser leur image de marque et faire illusion. Cela n’a pas changé aujourd’hui, ils sont encore communistes ou appartiennent à l’extrême gauche et se foutent complètement de l’avenir de notre planète.
– Les pratiquants, comme vous et moi, essaient à leur petit niveau, de faire changer les choses en agissant intelligemment sur le quotidien: consommer local, mais si vous créez un produit vous allez pourtant vous démener pour le vendre dans le monde entier, n’utiliser que l’électricité produite par des moyens qui ne détruisent pas l’environnement, comme celle provenant des barrages hydrauliques mais il faut être conscient que lors de leur construction, des forêts, des villages ont été détruits, des gens qui vivaient heureux là où ils étaient, ont été chassés et ont eu le coeur brisé.
En tant que citoyen consommateur vous devez être pleinement conscient que lorsque l’on vous dit que la ressource pétrolière diminue c’est évident puisqu’elle n’est pas reconstituable, mais ce que l’on ne vous dit pas c’est que l’on va bientôt pouvoir « fabriquer » du pétrole, il en faut pour votre voiture, avec du charbon et que cette ressource naturelle est tellement présente dans la nature, sur tous les Continents, qu’au rythme actuel de la consommation il y a pour mille ans de réserves…
On oublie aussi de vous dire que le charbon est l’énergie fossile la moins chère car facile à exploiter, et si vous en tant que consommateur vous êtes peut-être prêt à payer un peu plus, les industriels regardent les économies qu’ils peuvent réaliser et que vous retrouverez lors de vos prochains achats de produits manufacturés.
Ne perdez pas non plus de vue que si vous êtes un écoconsommateur attentif lorsque vous choisissez de l’électricité d’origine propre, votre opérateur, celui qui vous la livre à domicile supporte un surcoût qu’il ne vous facture pas et que cela durera un temps.
Et maintenant, vous comprenez pourquoi nous ne sommes pas prêts à trouver un accord dans les conférences internationales même si à chaque fois « on constate des avancées ».
Il y a beaucoup d’hypocrisie dans les politiques et les discours sur l’écologie.
Ici même je vais en dénoncer quelques-uns.
Par exemple:
Les 31 Tilleuls de la honte :
Transporter des passagers ou des marchandises par mer c’est mieux que d’utiliser des centaines de camions. À condition que pour construire ces paquebots et ces cargos on ne coupe pas d’arbres de façon illégale.
Ou encore:
La Nature en mouvement produit elle-même bien plus de gaz à effet de serre que vous n’en produirez dans toute votre vie. Et si on essayé de le capter?
Pourquoi il n’y aura pas d’accord sur le climat.
Des exemples, vous en aurez des dizaines que je vais rencontrer sur mon parcours et croyez-moi il n’y aura aucune complaisance.
Pour chacun, je tenterai d’apporter des solutions possibles pour nous faire réfléchir et faire bouger les choses.
LES 31 TILLEULS DE LA HONTE
Au début du mois d’août de cette année, un convoi routier qui acheminait deux monstrueuses pièces de coques de bateaux vers un chantier de construction naval, a été bloqué par des tilleuls dans la ville de Luçon.
Cet acheminement prévu depuis plus d’un an et qui avait reçu toutes les autorisations administratives nécessaires de la direction des territoires et de la mer, tiens, jusqu’à présent j’ignorais même son existence et vous peut-être aussi, ainsi que des services préfectoraux avait pensé à tout sauf que la largeur entre les tilleuls situés de part et d’autre de la route était trop étroite.
À moins que ceux-ci aient fait une mégapousse entre-temps!
OÙ EST L’ÉCOLOGIE DANS TOUT ÇA?
Airbus, le célèbre avionneur, achemine chaque jour à Toulouse -Blagnac, de gigantesques pièces par mer, par canaux et par route sans que cela pose problème car tout a été prévu et organisé à l’avance et en conséquence.
La construction navale serait-elle en retard de plusieurs wagons? Je ne le crois pas car leur savoir-faire est un des meilleurs au monde.
Alors, que s’est-il passé pour que ce mercredi 29 juillet le convoi se trouve bloqué sur une route départementale par des arbres centenaires?
L’industrie navale serait-elle moins vertueuse en matière écologique que chaque citoyen auquel les pouvoirs publics demandent beaucoup jusqu’à nous rendre responsables de la fonte des glaciers?
Tout a été bafoué:
Le droit public, le droit privé, le droit communal, l’écologie, la forêt…
L’organisateur a choisi délibérément de faire couper les tilleuls les uns après les autres, jusqu’à ce que le convoi puisse passer, sans en avertir la gendarmerie, qui s’y serait opposée, le maire, premier magistrat ayant autorité sur sa commune, qui aurait sans doute cherché une autre solution, il fallait coûte que coûte que le convoi passe…
Peut-être le propriétaire des pièces de bateaux sait-il que d’autres doivent passer et qu’ainsi la voie est désormais ouverte.
Curieusement, les articles de presse, Le Point, Ouest-France ne parlent pas du commanditaire.
J’ai ma petite idée là-dessus: il s’agit d’approvisionner un gros chantier naval qui a reçu il y a quelques mois de grosses commandes de paquebots ou de cargos et il ne faudrait pas les retarder.
OK, il n’est pas difficile de comprendre que le terrain doit s’adapter au passage de gros gabarits, mais cela doit se faire dans les règles et en l’occurrence c’était facile puisque le convoi était prévu depuis de longs mois.
Couper des arbres n’est pas en soi une catastrophe, fussent-ils centenaires tels que ces tilleuls qui ont une croissance rapide: il suffit de prévoir leur remplacement par la plantation de, par exemple dix arbres pour un, ou vingt, soit 310 ou 620 tilleuls sur un terrain de la même commune.
Ce qui me choque c’est le fait qu’ils aient été coupés en les faisant tomber sur des terrains appartenant probablement à des particuliers, débités et enlevés en passant sur plusieurs propriétés privées même st surtout parce que cet abattage a été supervisé par les services de l’État, comme au bon vieux temps de l’Union soviétique! Nostalgie sans doute…
Ce qui me choque c’est qu’encore une fois l’administration se comporte comme un État dans l’État qui décide de tout, seule.
Ce qui me choque c’est que le droit privé, celui du constructeur naval, ait prévalu sur tous les autres droits comme peut être le font-ils à l’intérieur même de l’entreprise.
L’ÉTAT DOIT PROTÉGER LES BIENS ET LES PERSONNES
Il y a quelques jours, en juillet, j’ai regardé une émission télévisée sur les catastrophes naturelles qui se sont produites sur le littoral et j’ai été stupéfait d’entendre les propos d’un géographe, chargé d’évaluer ce qu’il aurait lieu de faire pour empêcher que cela se reproduise.
Je vous en parle car c’est de même nature que ce qui vient de produire:
Les tempêtes ont fait de gros dégâts, cassant des vitrines de restaurants, vides heureusement, grignotant de larges parties du littoral faisant tomber des falaises, faisant reculer la terre.
Ce n’est pas nouveau.
Ce géographe nous a expliqué très sérieusement et avec un grand sourire que protéger le littoral serait privilégier des intérêts privés et que par conséquent cela ne se pourrait.
Il se trompe, comme s’est trompé Nicholas Sarkozy en faisant évacuer les maisons construites depuis des dizaines d’années, en Vendée d’ailleurs, sous une digue appartenant à l’État qui n’en a pas assuré l’entretien.
L’État doit protéger les personnes et les biens privés comme les biens publics, parce que d’une part c’est inscrit dans la Constitution et d’autre part parce qu’il est propriétaire du sous-sol.
Chaque assaut de l’Océan contre le littoral modifie les côtes et diminue le territoire. Pourquoi la France, pays riche et encore prospère, ne protège-t-elle pas les côtes comme le font les Pays-Bas qui gagnent, chaque fois qu’ils construisent des digues, des kilomètres carrés. Ils ne posent pas le problème de savoir si sur les terrains à proximité se trouvent des maisons ou des industries et si ceux-ci appartiennent à des privés.
Ils protègent le territoire. Un point c’est tout!
LA NATURE REPRENDRA SES DROITS
Je ne veux pas être l’oiseau de mauvais augure par lequel des catastrophes pourraient arriver. Mais, si j’étais le propriétaire du bateau en construction je me méfierais : les marins sont des gens superstitieux et le fait que celle-ci ait pu provoquer un désastre écologique pourrait se transformer en un accident maritime et, je l’espère, aucun naufrage. Celui-ci a déjà eu lieu pour les habitants de Luçon qui ont subi un préjudice certain.
J’espère que le propriétaire du bateau et le chantier naval, se reprendont et feront amende honorable, il s’agit rien que moins de l’honneur des marins.
LE MOUVEMENT PERPÉTUEL EXISTE DANS LA NATURE
Nous ne nous en rendons pas compte forcément chaque jour, mais la nature ne cesse de se transformer.
Elle n’est pas figée et bouge constamment.
La façon la plus courante d’observer ces changements c’est au moment des tremblements de terre, de l’explosion d’un volcan, d’une forte tempête qui casse les arbres et détruit les forêts, fait reculer le littoral, d’un incendie qui détruit des centaines ou des milliers d’hectares de forêts et change la nature et la modèle autrement.
D’autres façons plus insidieuses, parce que moins spectaculaires, peuvent être observées dans des lieux apparemment calmes et sans histoires.
Il y a quelques jours, en effectuant une randonnée en Dordogne, près d’Excideuil, je me suis arrêté près d’une mare et j’ai entendu un bruit étrange. En réclamant le silence nous nous sommes aperçus que des centaines de bulles éclataient à la surface.
Mare de Ladoue près de Saint Raphaël
Phénomène complètement naturel qui s’explique par la forte chaleur qui régnait, le peu de profondeur et la décomposition des végétaux.
Du gaz méthane tout simplement s’échappe de cette mare superbe.
J’aurais bien approché une allumette, juste pour voir, mais la mare est une propriété privée. Imaginez la tête de l’agriculteur arrivant à l’improviste et voyant son petit étang en feu!
Imaginez aussi qu’une flammèche mette le feu à de la paille assez proche!
Pourtant ce n’est pas l’envie qui m’a manqué. Peut-être un soir? Mais pour accéder le chemin passe devant une ferme… alors je crois que je vais remettre ma petite expérience dans un lieu plus isolé, l’occasion se présentera bien une autre fois.
Le phénomène est en lui-même suffisamment excitant pour être observé sans toucher à rien.
La nature en mouvement est sous mes yeux et je n’en perds pas une miette.
Apparition de bulles de gaz de méthane
Mais il a aussi des conséquences pour l’environnement :
Le gaz méthane détruit la couche d’ozone et cette mare, aussi petite soit-elle, environ mille mètres carrés, contribue à ce désastre. A lui seul son nocif apport est plus important que ce que vous pouvez émettre à votre niveau en tant que particulier puisque la production de gaz est de plusieurs mètres cubes par jour.
Que pourrions-nous faire pour le réduire ?
En fait, il faudrait récupérer ce gaz en mettant la mare sous cloche au moyen d’une immense bâche qui la recouvrirait, surmontée d’un conduit pour l’évacuer afin de le stocker.
Solution simple à mettre en place. Resterait à s’équiper d’une cuve de stockage. Pour quelle utilisation ? Chauffage ? Vente ?
Pourquoi il n’y aura pas d’accord pour contrer le réchauffement climatique
L’Énergie est vitale.
L’énergie est indispensable au développement d’un pays, car elle permet l’accroissement des richesses et donc garanti en quelque sorte l’emploi.
Tant que les énergies vertes, le solaire, l’éolien, ne pourront pas garantir quelles peuvent remplacer en totalité les énergies fossiles, aucun gouvernement, aucune instance internationale que se soient dans des sommets comme à Dahos et Durban et bientôt à Paris ne prendront le risque d’être privé d’énergies quelle que soient leur origine.
Les alertes lancées par James Hansen, climatologue de la Nasa, qui indiquent que 6 % d’émission de CO2 correspondent à 2° de réchauffement climatique, ou de l’Agence Internationale de l’Énergie qui indiquait en 2011 que nous avions atteint le pic pétrolier, c’est-à-dire le moment où la production va commencer à chuter vers une consommation totale des énergies fossiles, n’y feront rien.
Nous ne sommes pas non plus à l’abri de nouvelles découvertes de pétrole, car nous ne savons pratiquement rien encore des réserves sous-marines, qui pourront être exploitées, quel qu’en soit le coût, car les technologies pour permettre l’exploration font d’énormes progrès et c’est d’elles que l’exploration en dépend.
Le cours du baril suivra, bon an, mal an, avec des plus hauts ou des plus bas qui seront de moins en moins soumis au bon vouloir des grands pays producteurs comme l’Arabie Saoudite. Quelques compagnies, pendant ces périodes délicates, devront arrêter leur production et perdront inévitablement leurs droits à concession qui seront repris par des plus grandes et le cycle continuera.
Les trois énergies fossiles, vrai poison pour le climat, continueront à être exploitées:
1: le charbon, dont les réserves mondiales sont quasiment inépuisables, mille années au rythme de consommation actuelle, malheureusement ressource fossile la plus polluante, car en le gazéifiant le processus émet deux fois plus de gaz à effet de serre que son emploi ordinaire à l’état brut qui l’est déjà en lui-même.
2: les schistes et sables bitumineux encore plus polluants,
et
3: les bio-carburants dont je parlerai dans un autre article.
Et, c’est vrai que cela ne contribue pas à une amélioration du réchauffement climatique. C’est un fait que l’on ne peut que déplorer.
C’est vrai aussi qu’une augmentation de 4 ou 6° aura des conséquences désastreuses pour certaines régions du monde qui disparaîtront sous les eaux du fait de la fonte des glaciers même si nous ne connaissons pas à 100% toutes les conséquences.
Au jour d’aujourd’hui, il n’est pas possible de ne plus utiliser les énergies fossiles sans que l’impact sur notre quotidien soit encore plus catastrophique.
Et je ne suis pas sûr non plus que, si c’était le cas, le climat redeviendrait comme avant en très peu de temps. Lorsque vous faites bouillir de l’eau à partir de glaçons que vous faites fondre et que vous éteignez la source de chaleur, il faut de très longues minutes pour que l’eau se stabilise, non pas à sa température d’origine, 0°, mais à la température ambiante.
Il en serait de même avec le climat: les glaciers ne se reconstitueraient pas pour autant. Cela diminuerait la quantité de gaz à effet de serre, mais n’inverserait pas le climat planétaire.
Est-ce que chacun est prêt à en payer le prix?
Il y a quelque temps, je discutais avec un technicien forestier qui m’expliquait que nous étions tous responsables de ce changement climatique alors que celui-ci a commencé son cycle de réchauffement depuis déjà près de cinq cents ans.
Je lui ai alors demandé pourquoi la Coopérative forestière dont il dépendait s’équipait de l’engin de débardage le plus grand qui existe à ce jour.
Il m’a répondu que nous n’allions quand même pas retourner au Moyen Âge en faisant appel à des chevaux!
Pourtant, dans ce cas précis sut été la meilleure décision, car il s’agissait de petites parcelles dont il fallait modifier l’accès afin de permettre au dit engin de passer. Il n’y a pourtant aucune honte à utiliser le débardage à l’aide de chevaux qui enrichissent la terre, ne polluent pas le sol, ne font aucun bruit, ne laissent pas de sillons de 40 centimètres de profondeur, bref contribuent à laisser un environnement propre, ne consomment aucun carburant et font vivre plus de forestiers pour un résultat quasiment identique.
Tant que nous n’adapterons pas notre façon de travailler et de vivre en fonction de cet objectif de diminution du réchauffement climatique, les énergies fossiles ont encore un bel avenir devant elles.
Bruno Minier
Voyageur à travers l’Europe
Ce qui m’anime, vous entraîne.
bruno@addiction-voyage.fr
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